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Vers un désert médical ?

Editorial La Presse

Animés par une forte ambition et visant de nouveaux horizons depuis la révolution de 2011, médecins, personnel paramédical, auxiliaires de santé, administrateurs, aides-soignants, ambulanciers, la liste des départs à l’étranger dans le secteur de la santé est longue. En effet, jeunes ou expérimentés, ils constituent aujourd’hui le plus gros contingent des migrants après les ingénieurs, notamment en informatique, et les enseignants universitaires. En effet, en 2021, plus de 970 médecins tunisiens ont quitté le pays pour travailler à l’étranger, contre 570 en 2018.

Le coup de semonce a été déjà donné par le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, qui avait indiqué que près de 600 médecins ont quitté le pays pour l’étranger en 2018, et que ce nombre s’élèverait à 900 en 2019 et pourrait atteindre 2.700 en 2022. Cette émigration vient creuser davantage le déficit d’un secteur souffrant d’un manque cruel de médecins et autres auxiliaires de santé. Il est à noter dans le même sillage que  81% des médecins tunisiens exerçant actuellement à l’étranger sont partis après la révolution. La France reste le pays qui accueille le plus de médecins tunisiens. Selon l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), près de 95.000 Tunisiens ont migré durant ces dix dernières années, dont 78% sont des universitaires. Le nombre de compétences tunisiennes actuellement en Europe dépasse 35.000 personnes. Cependant, le secteur de la santé demeure le plus touché par l’exode.

En effet, parmi les raisons qui expliquent ces départs massifs des médecins tunisiens, on trouve l’infrastructure délabrée, la pénurie de médicaments et d’équipements médicaux ainsi que de conditions de travail souvent exécrables que vient corser le déficit financier des établissements de santé publique, étant donné la détérioration de la situation des caisses sociales. La situation socioéconomique précaire, la dégringolade du dinar tunisien et la dégradation du climat d’investissement ainsi que l’insécurité restent aussi parmi les principaux facteurs qui favorisent l’émigration des médecins. Des signaux  alarmants qui aggravent la crise du secteur de la santé mais qui pourraient être évités par une simple réhabilitation du secteur et l’amélioration du dispositif sanitaire et des conditions des médecins.

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